Le débat Le Pen-Macron pour les présidentielles en France fut mitigé

Les présentateurs de l'émission qui a opposé Macron à Le Pen, Lea Salamé et Gilles Bouleau
Les présentateurs de l'émission qui a opposé Macron à Le Pen, Lea Salamé et Gilles Bouleau

Les élections présidentielles en France arrivent dans la dernière ligne droite: les électeurs français sont appelés à se rendre aux urnes pour départager Emmanuel Macron et Marine Le Pen, durant la journée du 24 avril 2022.

Un débat d'entre deux tours mitigé

Mercredi 20 avril avait eu lieu le seul et unique débat en direct, à la télévision, entre le président français sortant et candidat du parti La République En Marche (LREM) et la candidate du parti d'extrême-droite Rassemblement National (RN). Bien que ces échanges furent suivis par plus de 15 millions de téléspectateurs, de nombreux Français ont estimé que le résultat de ce débat est plutôt mitigé, aucun candidat n'a réellement pris l'avantage sur l'autre.

Emmanuel Macron, très à l'aise dans ce genre d'exercice, semblait mieux maîtriser les sujets abordés, bien que par la suite il fut avéré qu'il avait menti de nombreuses fois. Il a affiché un ton agressif et méprisant, coupant la parole très fréquemment à son interlocutrice. Pour Marine Le Pen, elle a très peu attaqué le président sortant sur le bilan désastreux de son précédent quinquennat. Elle s'est montrée assez hésitante et molle dans ses prises de parole. Elle semblait vouloir surtout expliquer simplement ses idées et son programme, d'une façon souvent maladroite.

Alors que le rôle d'un président en France consiste à réunir tous les Français, à respecter la constitution et à se charger des relations internationales, le débat s'est focalisé essentiellement sur des questions de politique intérieure.

La division des Français

Les deux candidats se sont renvoyés dos à dos la question de la division des Français.

Mme Le Pen a déclaré qu'elle entendait "libérer les femmes musulmanes de l'uniforme imposé par les islamistes" en interdisant le voile dans l'espace public. Emmanuel Macron a prévenu Marine Le Pen que sa volonté d'interdire le foulard islamique, ou hijab, conduirait la France au bord d'une guerre civile: "Avec moi, il n'y aura pas d'interdiction des foulards, des kippa et des signes religieux", a rajouté M. Macron. Il a affirmé également qu'une telle mesure serait inconstitutionnelle et que la loi de 1905 sur la laïcité ne visait pas à "combattre une religion".

Mme Le Pen a, à son tour, attaqué M. Macron pour avoir créé la désunion et divisé la société française pendant ses cinq années au pouvoir. Elle a assuré vouloir rétablir la concorde entre tous les Français et a attaqué Macron sur ses échecs économiques durant le quinquennat, mettant l'accent sur le pouvoir d'achat, le chômage, la hausse de la taxe sur les carburants qui a engendré le mouvement des Gilets Jaunes; un mouvement de contestation populaire qui a duré tout le mandat de M. Macron et qui a été réprimé dans le sang. Mme Le Pen a également accusé M. Macron d'avoir aggravé la dette nationale de 600 milliards d'euros, un triste record: "Je n'ai vu que des Français me dire qu'ils n'en peuvent plus, qu'ils n'arrivent plus à joindre les deux bouts", a-t-elle déclaré, qualifiant ironiquement Emmanuel Macron de "Mozart de la finance au bilan économique catastrophique".

L'enjeu de l'élection pour chaque candidat

Pour Mme Le Pen, cette élection pourrait redonner le pouvoir au peuple en lui permettant d'intervenir plus souvent dans la vie politique par la mise en oeuvre de référendum à l'initiative de la population; le référendum d'initiative citoyen (RIC).

Pour M. Macron, cette élection est cruciale. Il s'agit non seulement d'un combat d'idéologies, mais il invite à considérer le vote de deuxième tour tel un "référendum sur ce que les Français sont profondément pour ou contre". Un vote sur l'opportunité de rester ou de quitter l'Union européenne, sur les relations de la France avec l'Allemagne, les questions environnementales, la fraternité et la laïcité.

Les deux candidats se sont également affrontés sur l'âge de la retraite. Macron veut prolonger l'âge légal du départ à la retraite à 65 ans, Mme Le Pen veut le maintenir à l'âge actuel: 62 ans.

Concernant l'écologie, Emmanuel Macron estime qu'il faut continuer à développer les parcs éoliens alors que Mme Le Pen veut les démanteler. Ils s'accordent tous les deux sur l’intérêt de la reprise de l'énergie produite par les centrales nucléaires, une énergie qui avait été réduite en France depuis plus de 10 ans.

Débat Marine Le Pen Emmanuel Macron, TF1
Débat Marine Le Pen Emmanuel Macron, TF1

Deux visions sur l'Europe différentes

M. Macron a accusé Mme Le Pen d'être dépendante de la Russie et du président Vladimir Poutine pour avoir financé sa campagne électorale de 2017 grâce à un prêt de plusieurs millions d'euros emprunté à une banque russe. Emmanuel Macron a également expliqué qu'il voulait s'assurer que la guerre en Ukraine ne se propage pas et que cela n'était réalisable que par une "Europe forte" qui pourrait ramener "la Russie à la raison", en déclarant fermement: "nous ne sommes les vassaux de personne, en France". C'est pourquoi, M. Macron a promis de travailler toujours plus étroitement aux côtés de l'UE.

Marine Le Pen a contesté les propos de M. Macron. Elle a estimé qu'il était illusoire de vouloir "renforcer l'Europe" et a affirmé que la France était actuellement incapable de défendre ses intérêts en appliquant les politiques de l'Union européenne. Mme Le Pen a laissé entendre qu'elle désirait que la France prenne ses distances avec l'UE, à l'instar de certains pays comme la Hongrie, et qu'elle donnerait la préférence aux lois françaises.

Si pour de nombreux Français, le sort de cette élection suscite une peur et un espoir comme jamais auparavant, la grande majorité des électeurs semblent s'accorder pour dire que la victoire, dimanche 24 au soir, de M. Macron est le résultat le plus probable.

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Mis en ligne : Jeudi 21 Avril 2022
 
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