Etude ONDES: discriminations en France dans l'enseignement supérieur

Une étudiante en dentaire
Une étudiante en dentaire

Alors qu'une partie des Français se persuade qu'ils sont en train d'être envahis par des hordes sauvages d'Arabes, que la civilisation française est en perdition à cause des Arabes, et que leur pays donnerait la priorité aux Arabes vivant en France, une étude rappelle la réalité: ce sont les musulmans, et en particulier les Arabes, qui sont l'objet de réelles discriminations en France.

Une nouvelle étude, récemment menée en France, vient de confirmer ce que nous savions déjà: les étudiants qui portent un nom (un patronyme) et un prénom à consonance arabe et qui postulent pour des programmes d'études supérieures sont plus discriminés que ceux dont le nom est à consonance française. C'est une équipe de chercheurs de Université Gustave Eiffel de l'Observatoire National des Discriminations et de l’Égalité dans le Supérieur (ONDES) qui le révèle dans sa première étude portant sur les discriminations dans l’accès aux formations de niveau master. Les résultats ont été présentés au public mardi 15 février 2022.

Lors de cette étude, les chercheurs ont envoyé plus de 1800 courriels en mars 2021 afin d'obtenir une place en tant qu'étudiant auprès des directeurs pédagogiques de 607 programmes d'études supérieures de 19 universités, afin de tester la discrimination que pourraient pratiquer ces derniers sur les "personnes en situation de handicap" et les "personnes d'origine étrangère". Le test a été mené en utilisant de faux noms, à la fois pour ceux qui sont handicapés et ceux qui ne le sont pas. Les directeurs universitaires, que les chercheurs ont contactés, ont déclaré chérir l'idée de la diversité au sein de leur programme universitaire, et avaient également déclaré tout mettre en oeuvre pour ne jamais donner une meilleure qualité de traitement aux personnes d'origine européenne.

Les chercheurs ont découvert que c’était bel et bien le contraire en réalité: selon l'étude, ceux qui portaient un nom à consonance arabe étaient 12,3% moins susceptibles de recevoir une réponse aux e-mails envoyés à chacun de leurs programmes d'études supérieures. Ce taux était de 33,3% dans le domaine du droit, de 21,1% dans les domaines des sciences, des technologies et de la santé et de 7,3% dans les domaines des langues, des lettres, des arts, des sciences humaines et sociales.

L'équipe de ONDES a interrogé anonymement les mêmes directeurs pédagogiques trois mois après la fin de l'étude réalisée pour le compte du ministère de l'Enseignement supérieur "sur les difficultés qu'ils ont rencontrées dans le processus de recrutement des étudiants", constatant une différence notable entre la volonté affichée de respecter la diversité et celle, réelle, de ne pas permettre facilement aux étudiants ayant des patronymes à consonance arabe d’étudier dans leur université. A noter, aucune discrimination n'a été constatée pour les étudiants qui se disaient physiquement handicapés.

La discrimination est donc malheureusement réelle, à plus forte raison lorsqu’une personne est Arabe ou de religion musulmane. La "préférence nationale" est appliquée tacitement mais non assumée, et c'est en cela que c'est indigne de la France qui pourrait tout à fait dire: à partir d'aujourd'hui, nous désirons officiellement donner la préférence aux personnes européennes. Au lieu de cela, on continue de faire semblant de défendre une égalité de traitement pour tous.

S'il est déjà grave de discriminer et de dénigrer les Français d'origine arabe en les stigmatisant avec des personnages si peu représentatifs d'un dealer ignare et agressif ou d'un islamiste rétrograde et incompatible avec les valeurs républicaines, qui, de surcroit, pourrait à tout moment commettre un acte de terrorisme; il s'agit ici de discriminations envers des personnes capables et éduquées, ayant déjà réalisé avec succès un parcours BAC+4 et parfois BAC+5 et qui vont apporter une réelle valeur à la société française, parce qu'ils sont instruits, ils vont évidemment contribuer à faire perdurer la culture française, et souvent, à la faire rayonner à l'international. Nul doute que les Français se tirent une balle dans le pied avec une telle attitude.

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Mis en ligne : Vendredi 18 Février 2022
 
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